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Du glaive de la loi vont frapper ton rival.
Peut-être profanant ce sacre tribunal,
Ses frères, ajoutant l’effet à la menace,
Vont… Il est plus que temps d’arrêter leur audace,
Préviens-la. Pour leur mort quels ordres donnes-tu ?

BOABDIL, froidement.

Aucun. Sur cet arrêt j’ai changé ; je l’ai dû.
Abenhamet mourra ; mais, juste en ma vengeance,
Je ne confondrai pas le crime et l’innocence.
Ils vivront.

ALY.

                        Ciel ! qu’entends-je ? en servant leur fureur.
Toi-même à leurs poignards tu vas offrir ton cœur !

BOABDIL.

Comment ?

ALY.

                  Il faut parler, dussé-je te déplaire,
Boabdil, d’une crise horrible et nécessaire.
Le moment est venu, demain serait trop tard.
Dans un secret terrible admis par le hasard,
Dieu, qui m’a sous tes pas fait découvrir l’abîme,
Me destine peut-être à prévenir le crime ;
Mais il faut dissiper tes doutes sur ma foi.

BOABDIL.

Eh bien ?

ALY.

                  Roi de Grenade, on s’arme contre toi ;
On menace les jours. Une tribu perfide
Va laisser éclater son complot régicide,
Déjà les coups sont prêts ; il faut les détourner,
Ou tu n’as qu’un moment pour vivre et pour régner.