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Scène IX.

BOABDIL, ALY.
ALY.

Pardonne à ton sujet, grand roi, d’oser ainsi,
Pour parvenir à toi, pénétrer jusqu’ici ;
Pardonne ; j’obéis au devoir qui m’engage.
Je viens d’un choc terrible ébranler ton courage.

BOABDIL.

Abenhamet peut-être à tes coups échappé…

ALY.

Oh ! non, mais à dessein je ne l’ai pas frappé…

BOABDIL.

Il vit ! Dieu soit loué, qui, sauvant ma victime,
M’envoya le remords pour empêcher le crime !
Écoute : dominé par un sombre transport,
Un instant j’ai cru voir mon salut dans sa mort.
Depuis, j’ai fait l’essai du tourment exécrable,
De cette juste horreur qui s’attache au coupable.
Je révoque envers lui l’arrêt que j’ai porté ;
Sa vie est nécessaire à ma tranquillité.
Qu’il la traîne, s’il faut, libre, errante ou captive,
Dans l’exil, dans les fers, n’importe ! mais qu’il vive !
Le poids du sang d’un homme est trop pesant pour moi !

ALY, à part.

Un tel fardeau bientôt s’allégira pour toi.

(Haut.)

Sans vouloir prononcer sur sa peine ou sa grâce,
Je ne puis le laisser ignorer sou audace :
Ton intérêt l’exige, et je dois…