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Que j’ai dû tout prévoir et que j’ai tout prévu ;
Qu’introduit en ces lieux personne ne m’a vu ;
Qu’un passage secret m’a servi pour m’y rendre ;
Qu’un signal que j’attends, que seul je puis comprendre,
Va m’indiquer l’instant où je dois en sortir.
Rien ne peut m’accuser, ne peut me démentir.
Je ne suis pas de ceux qui se laissent surprendre,
Madame, et contre vous je puis tout entreprendre.
D’autant plus que, certain de mon impunité,
Ma haine peut agir en pleine liberté !
Vous périrez tous deux, mais d’une mort terrible,
Infâme !… Et moi, fidèle à ma vengeance horrible,
J’irai… N’espérez pas que sur votre tombeau,
J’en éteigne jamais le funeste flambeau !
D’un reproche odieux flétrissant votre gloire,
Vous poursuivant encor, c’est sur votre mémoire
Que je me vengerai, quand vous ne serez plus ;
Et voilà de quel prix je paîrai vos refus !

ZORAÏDE.

Ah ! Je ne puis, hélas ! prouver mon innocence ;
Et vous accomplirez cette injuste vengeance.
Mais, quels que soient les maux que je souffre en ce jour,
Je les préfère encore à votre indigne amour !
Mon cœur est pur ; s’il faut qu’aujourd’hui je succombe,
Votre victime en paix descendra dans la tombe.
Calme, sur l’échafaud je recevrai la mort :
Car on meurt sans effroi, quand on meurt sans remord !

(Ici un refrain guerrier se fait entendre dans le lointain ; Aly tressaille.)
ALY.
 (À part.)          (Haut.)

Le signal !… Pour vos maux vous aurez du courage ;
Mais des siens, dites-moi, soutiendrez-vous l’image ?
Pourrez-vous, sans frémir, voir cet être adoré,
Dans sa longue torture expirer par degré,