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ZORAÏDE.

Moi l’appeler ! jamais : quelle horreur m’environne !
Si tu peux deviner tout ce que je soupçonne,
S’il t’est possible encor d’échapper au trépas,
Fuis, te dis-je ! en ces lieux je ne t’attendais pas !

ABENHAMET, tirant de son sein un bouquet, le montre à Zoraïde.

Tu ne m’attendais pas ? quoi ! ces fleurs, ce message
Qui d’un reste d’amour m’avait semblé le gage,
N’était pas de toi ?

(Il rejette loin de lui le bouquet avec colère.) [1]
ZORAÏDE.

                                  Non, je le jure, mon Dieu !
Fuis, ou laisse-moi fuir ; Abenhamet, adieu !

ABENHAMET.

Tu ne m’attendais pas ? Oh ! ciel !

INÈS.

                                                              Venez, madame.

ABENHAMET, saisissant fortement la main de Zoraïde.

Reste ! tu viens d’ôter la pitié de mon âme.
Je sens presque, à l’horreur dont je suis agité,
Que je verrais ta mort avec tranquillité !
Oui !

INÈS.

          Venez.

ZORAÏDE.

                      L’insensé ! le désespoir l’égare.
Je ne puis…

  1. Les Orientaux se parlaient par fleurs.