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ACTE II.


Le théâtre représente le jardin du généralif. Deux bosquets sont placés sur le devant de la scène, un de roses à la droite du spectateur, un de grenadiers à la gauche ; la nuit règne. On distingue, dans le fond, à travers les arbres, quelques fenêtres du palais ; les lustres de l’intérieur font apercevoir les jalousies baissées. Une fontaine, ombragée par des rosiers, des grenadiers et des orangers, est au milieu de la scène ; un rayon de lune, glissant à travers les arbres, éclaire le bosquet de roses. Le reste est plongé dans l’ombre. Abenhamet et Séide sont vêtus en esclaves ; Abenhamet précède.

 

Lorsque l’âme est ployée au joug des passions,
Quelques biens, quelques maux que l’on perde ou qu’on brave,
Le cœur sans réfléchir obéit en esclave.
Devant son objet seul tout fuit, tout disparaît ;
La passion commande, et la raison se tait.

Élisa Mercœur.
 

Scène PREMIÈRE.

ABENHAMET, SÉIDE.
ABENHAMET.

Viens, l’ombre nous protège, on n’aura pu nous voir,
C’est ici, mon cœur bat et de crainte et d’espoir ;
Quel trouble en ce moment et m’agite et m’oppresse’
Sera-t-elle, ô mon Dieu ! fidèle à sa promesse ?
Viendra-t-elle ? et saurai-je, en ce funeste jour,
Si je lui dois enfin ma haine, ou mon amour ?