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Abenhamet vainqueur fut monté… Mais il faut
Qu’Abenhamet vaincu monte sur l’échafaud.
Qu’elle ordonne un triomphe, ou commande un supplice,
Lorsqu’il faut que la loi récompense ou punisse.
On doit, sans écouter l’envie ou l’amitié,
Récompenser sans haine, et punir sans pitié.
J’ai dit.

SÉIDE.

                Peux-tu donner ce conseil détestable ?
Pour être malheureux, quoi ! l’on est donc coupable ?
Elle est juste, dis-tu, la loi dont la rigueur
Ainsi que d’un forfait peut punir d’un malheur !
Non ! cette loi fut faite en des temps où nos pères
N’avaient pas vu le ciel des rives étrangères.
Mais nous, qui, dans ces lieux conduits par nos destins,
Avons vu d’autres bords que les bords africains ;
Nous, qui, foulant aux pieds la terre d’Ibérie,
L’avons par droit de force acquise pour patrie ;
Nous avons comparé les mœurs ; notre raison
De sept siècles passés a compris la leçon,
Et nous prétendrions retourner en arrière !
Ah ! de nos préjugés secouons la poussière !
Brisons le joug usé de nos vieilles erreurs ;
Marchons avec les temps, et dérouillons nos mœurs !

BOABDIL.

Insultez-vous aux lois, à leurs décrets augustes ?

SÉIDE.

Non, roi ! mais je combats celles qui sont injustes,

ALY.

Celle-ci ne l’est pas, non ! Par l’impunité
Ou voit trop le vulgaire aux forfaits invité.