l’expérience. Vous seriez donc (comme je vous le disais, mon enfant) non seulement ingrate envers la société qui, en vous tendant la main, vous a dit : Soyez la bienvenue parmi nous, chantez, et nous vous applaudirons ; mais vous le seriez aussi envers la nature qui ne vous a pas donné un si beau génie pour le laisser inculte… Penseriez-vous, par hasard, qu’elle le jette à la tête du premier venu ? vous seriez dans l’erreur, Élisa. N’en a pas qui veut dans les répartitions qu’elle fait çà et là de cette noble faculté de l’âme : tous n’en reçoivent pas une part aussi forte que la vôtre ; la nature a été si prodigue pour vous, qu’on croirait qu’elle a voulu faire un aîné du plus jeune des nourrissons des muses… Sortez donc de cette sombre apathie où vous semblez plongée ; laissez, croyez-moi, ce sérieux à la vieillesse, la lyre sied mieux à votre âge ; elle est, d’ailleurs, si flexible sous vos doigts que je ne sais pas pourquoi vous hésiteriez à la reprendre… Mais mademoiselle ne veut rien faire pour la satisfaction de ceux qui l’aiment et qui seraient si heureux de ses succès… Tenez, vous le dirai-je, mon enfant, je n’entends parler de vous non plus que si voue étiez morte, et lorsque je
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