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Tremble que du mépris, t’apportant le poison,
L’inflexible avenir ne flétrisse ton nom,
Et n’accuse à jamais de ton calme stérile
Le héros de Trébie, et le vainqueur d’Émile.
De gloire impatient, quand chacun de tes pas
Laissait ineffaçable une empreinte ici-bas,
Tu voulais, tu marchais, et la tremblante Rome
Attendait ses destins des ordres d’un seul homme.
Mais ton bras fatigué déposa son drapeau,
Ta main qui l’entr’ouvrait referma le tombeau.
Ton pied victorieux se soulève, il s’arrête ;
Et, prêt à le toucher, tu redescends du faîte.

Mais, absent de lui-même, en son repos fatal,
Le héros n’était plus que l’ombre d’Annibal,
Ou qu’un feu pâle offrant, reste d’un incendie,
À peine aux yeux encore une flamme engourdie.
Hier, abandonnés au souffle des hasards,
Aujourd’hui loin des camps flottent ses étendards ;
Et dans les doux festins, que son exemple avoue,
Près de lui mollement les vierges de Capoue
Mêlent par intervalle aux soupirs de leurs voix
Quelques notes d’un luth qui s’émeut sous leurs doigts.

        Jeune fille au front qui s’incline,
        Lève tes yeux aux doux regards,
        La main tremblante d’Erycine
        Détache le casque de Mars.