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Fuyant sur sa barque légère
Paisible, il se livre à ta foi.
Tu le berces de tes images,
Et, s’il gronde quelques orages,
Il écoute à peine leur bruit.
L’onde se ploie ; il vogue, il passe,
Et jouit du jour qui s’efface
Sans penser que viendra la nuit.

L’homme te doit ce qu’il éprouve ;
Même sous la neige d’hiver
Son souvenir plonge et retrouve
Aujourd’hui ce qui fut hier.
Illusion, ta voix fidèle
Doucement toujours lui rappelle
Et ses pensers et ses amours.
Son cœur encore est plein de flamme,
Et la jeunesse de son âme
Lui semble celle de ses jours.

Heureux ! quand, aveugle lui-même,
Voilé du bandeau de l’espoir,
Toujours, soit qu’il chante ou qu’il aime,
Il suit un chemin sans le voir.
Lorsque fuit l’inexpérience,
Comme dans sa paisible enfance
S’il a quelque triste soupir.