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position d’Élisa, lui conseilla d’adresser, avant notre départ, une demande à M. Guizot, qu’elle la lui ferait remettre par M. et madame Lenormand… Elisa la fit en vers ; elle se trouve dans ce volume. M. Guizot ne fut point insensible au cri poussé par le cœur de ma bonne fille : « Sauvez-moi pour ma mère ! « Il lui envoya 200 fr., et nous partîmes. L’air de la campagne sembla la ranimer un peu ; mais je crois qu’elle dut le mieux qu’elle éprouva aux preuves d’intérêt qu’elle reçut du Roi et de la Reine (ils lui envoyèrent deux fois de l’argent), de madame Récamier et de Victor Hugo [1]. Privée du coup d’œil des charmants points de vue de l’endroit que nous habitions, puisqu’elle avait la vue basse, elle s’occupa dans ses promenades, sa pensée ne pouvant rester inactive, à faire des plans. Elle en fit un d’une comédie en un acte

  1. Lorsque Victor Hugo apprit la maladie d’Élisa et la gêne où cette maladie nous jetait, puisqu’elle ne pouvait travailler, il dit à la duchesse d’Abrantès qui lui en parlait : « Mais je puis être utile à mademoiselle Mercœur, madame. Lorsque j’ai résilié ma pension, M. d’Argout m’écrivit qu’il la tiendrait à ma disposition lorsqu’il me plairait de la reprendre, ainsi que ses arrérages ; je vais écrire à M. Thiers qu’il donne le tout à cette pauvre jeune fille, je me trouverais bienheureux si je pouvais, par ce moyen, la ramener à la vie. » Mais la pension avait été donnée, et M. Thiers, en considération de ce noble et touchant intérêt de Victor Hugo pour Élisa, ajouta 200 fr. à un secours de 300 fr. qu’il venait d’accorder pour elle à madame Récamier.