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sous peu de jours. Il parut enfin ce jour tant désiré, si lent à venir au gré des Nantais, ce jour où ils devaient accueillir avec des cris d’allégresse la mère de celui qui semblait destiné à régner sur la France !… Qu’un autre jour fut différent pour elle ; mais alors le silence de tous lui prouva leur sympathie comme leur respect pour son malheur.

Nous nous rendîmes à l’heure indiquée au palais ; la princesse y fit le plus gracieux accueil à Élisa. Son Altesse parut extrêmement touchée des vers qu’elle lui adressa (ils ne se trouvent pas dans les Œuvres [1]), et l’en remercia dans les

  1. Deux mois avant la mort d’Élisa, nous arrivions alors de la campagne, un monsieur vint lui demander des vers pour une Revue légitimiste qu’il devait bientôt publier. Élisa lui dit qu’elle était trop mal pour pouvoir travailler, mais qu’elle avait une ode qu’elle avait présentée à Charles X (*) au bas de laquelle se trouvaient des vers qu’elle avait dits à la duchesse de Berri lors de son passage à Nantes ; mais qu’elle ne se souciait pas de les donner,
(*) Lorsqu’Élisa présenta son ode à Charles X, quoique ce fût la deuxième fois qu’elle parût devant ce souverain, il lui prit un tel tremblement, et elle devint d’une telle pâleur que je craignis de la voir se trouver mal. Je crois que le roi en eut la crainte aussi, car il me présenta un flacon de sel pour le lui faire respirer, et lui dit d’un ton fort ému : « Vous m’affligez, jeune fille, de trembler ainsi devant moi ; remettez-vous, vous n’êtes pas devant un ennemi, je vous l’assure. » Et comme s’il eût voulu la dédommager de l’émotion qu’il lui avait causée, il lui dit qu’elle pouvait compter sur une pension de 1 200 fr. sur sa cassette. Cinq semaines après, Elisa perdit l’espérance de voir se réaliser la promesse de Charles X : il n’était plus roi !!!…