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Adorer sans fin votre Sacré Cœur ;
Dans le demi-jour étoile du chœur,
Hors de l’encensoir, corbeille enflammée,
Voir s’épanouir des fleurs de fumée ;
Jeûner ; apporter le lys virginal
De son rêve au noir confessionnal ;
Subir, s’il le faut, le rouge cilice ;
Bénir l’amertume, aimer le calice,
Et de tout son être, heureux paria,
Ne faire qu’un long Ave Maria
Jusqu’à la clarté de la dernière heure :
Telle est notre part, et c’est la meilleure !
Pourtant un désir, éclos d’un regret,
M’occupe l’esprit plus qu’il ne faudrait,
Et j’en sens toujours la fine piqûre.
Quand s’ouvrit pour moi la demeure obscure,
Jeune et m’effrayant de l’antique seuil,
J’eus pour le bas monde un dernier coup d’œil.
Le joli printemps venait de renaître :
Dans le cadre en fleur d’une humble fenêtre
Une mère, avec un air triomphant,
Baisait les cheveux d’un petit enfant.
Cette vision, hélas, m’est restée.