Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

Achille ! Et son cheval bondit, les crins épars,
        Et l’emporte vers la mêlée,
        Et le cri de Penthésilée
S’ajoute au bruit montant des armes et des chars !

« Achille ! Achille ! Achille ! ô héros ! voici l’heure
Où ton sang coulera comme un ruisseau vermeil !
Tout plein d’un songe horrible, et fuyant le sommeil,
Ton père aux cheveux gris hurle dans sa demeure !

Tu fus comme un lion dans une bergerie ;
Tu fus comme un vent noir dans un bois de roseaux ;
Que de rois, ô guerrier ! mangés par les oiseaux
Sur un sol qui n’est pas celui de la patrie.
 
Les festins te plaisaient après les chocs d’épées ;
Tu domptais, jeune dieu ! les cœurs de vierge aussi.
Quand sur tes bras charmants noirs d’un sang épaissi,
Roulaient les boucles d’or de ton casque échappées !