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« Et mes filles seront plus fortes que mes fils !
« Maîtresse au corps flétri, qui chassas ta servante
« A cause de sa bouche ouverte en fleur vivante
« Et de son jeune sein ferme et frais comme un lys,

« Austère épouse, aïeule auguste des familles,
« Loin de vanter, crédule en l’avenir peu sûr,
« Ton nouveau-né pareil au ver d’un fruit trop mûr,
« Lamente-toi sur lui, Sara !… J’aurai des filles !

« Blanches, aux grands cheveux lourds et doux et flottants,
« En longues robes d’or toujours mal refermées,
« Elles iront, laissant dans les foules charmées,
« Un sillage d’odeur et de chaleur, longtemps !

« Pour l’amour de leur gorge entrevue, et de l’ombre
« Que font les duvets fins sous les beaux bras levés,
« Les plus forts ramperont, lâchement énervés,
« Les plus purs connaîtront les bassesses sans nombre,