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La nature d’en bas, c’est l’éternelle morte.,
Une élévation sublime nous emporte
Vers le monde vivant des Cieux définitifs,
Et, libres d’autant plus que nous fûmes captifs,
Humains, mais déchargés des pesanteurs infâmes,
Nous n’avons de l’épreuve emporté que nos âmes,
C’est-à-dire la forme intime de nos corps.
Être esprit, c’est avoir le dedans pour dehors.
Nous montons, éblouis, des chemins de lumière !
Quand j’hésite, c’est toi qui passes la première.
Parfois, vêtu de pourpre, un angélique Esprit
S’envole devant nous, se retourne, et sourit.
Nous le suivons, heureux, ma main serrant la tienne
Pour que l’un, s’il faiblit, de l’autre se soutienne,
Unis, mais d’un peu loin et les regards baissés,
Comme il convient, n’étant encor que fiancés.

O cieux purs ! le chemin de lumière se hausse !

Mais le Tartare, en bas, fuligineuse fosse,
Érige des palais de fange et de roseaux ;
Et, rauque, une clameur, comme à travers des eaux,