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Issachar dit : « Ma soif ne pourra s’étancher »,
Et, lâche, pour mourir, se couche sur la terre.
Mais vous, frappez le roc profond qui désaltère !
Que des sables d’Horeb sourde la vérité ;
Creusez, puisez, — l’effort, fût-il vain, est compté, —
Afin qu’ayant lavé vos erreurs dans l’eau saine,
Vous vous présentiez, purs, à l’éternelle Cène,
Et disiez : « Nul ne meurt. Dans le tombeau dormant,
La pourriture trompe et le squelette ment ;
Le néant du cadavre est la funèbre embûche
Du Jaloux qui, d’étoile en étoile, trébuche
Dans le décombre noir des Trônes vermoulus,
Et se dit Lucifer, sachant qu’il ne l’est plus.
Le front altier survit, et les basses entrailles
Survivent ; éternels, nions les funérailles.
L’espoir de fuir le corps étendu sur le dos
Peut sourire aux porteurs des immondes fardeaux ;
Tel qui souilla sa chair veut bien qu’on l’en délivre.
Mais quiconque, attentif au sens caché du Livre,
Vécut selon le Vrai du Bien, et le comprit,
Sait le Corps immortel à l’égal de l’Esprit.
Comment périrait-Il, étant l’unique forme ?
Dieu, c’est l’Homme divin ; le Ciel, c’est l’homme énorme,