Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

Une ligne de nue et d’or blême, restée
Comme un ruban d’écume au bord d’une jetée,
S’amincissait avec de plaintives douceurs.
Et, sous l’oppression des noirs envahisseurs,
Elle mourut. Ainsi finit la lueur vermeille
D’un collier, quand l’écrin se referme. Pareille,
Après les lustres d’or éteints par les valets
Dans l’antichambre et dans les salles d’un palais,
S’échappe la lueur qui glissait sous la porte.
Et le ciel m’effraya comme une steppe morte.
« Que vois-tu ? dit le nain.

                                        — L’obscurité du ciel.

— Tant qu’en mon sein fut clos l’œil immatériel,
Reprit-il, je ne vis, comme toi, que ténèbres.
Rhéteur, docteur, fameux entre les plus célèbres,
Mais plein d’ombre, c’était l’ombre que j’enseignais ;
Je prenais vainement le mystère aux poignets
Pour le forcer d’ouvrir enfin ses mains fermées ;
Étreignant des éclairs, colletant des fumées,
J’avais dans l’inconnu des combats à tâtons ;
Et mes élans rampaient comme des avortons ;