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De l’Abendthor. Le nain, qui m’avait amené ,
Vers ce lieu, salua le donjon ruiné
Et gravit, m’entraînant, la périlleuse côte.

« L’aigle s’envole mieux d’une cime plus haute,
Dit-il, et le brouillard des vallons est trompeur. »

Le faite était peu large, et chancelait. J’eus peur.
Hespérus me poussa sur les extrêmes pierres,
En criant : « Puisque l’Ange a béni tes paupières,
Regarde, et vois ! »

                                  J’ouvris très largement les yeux.
L’immense paix de l’ombre envahissait les cieux ;
Sous un vent dont tremblaient seulement les hauts arbres.
Des nuages profonds, pareils à de grands marbres,
S’assemblaient au-dessous de Vesper, pâle point,
Comme une flottaison de banquises se joint ;
Et, s’étageant par blocs en de lugubres formes,
Voûtaient l’ascension de leurs courbes énormes,
Jusqu’à mettre à la terre un couvercle total.
Seule, très faible, au bas du ciel occidental,