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« Je consacre au devoir l’homme enfant que voilà !
Par l’amour d’être libre et l’horreur de l’entrave,
Au nom de l’ignorant, du pauvre, et de l’esclave,
De quiconque, courbé, se lamente d’effroi,
Sous la fourbe du prêtre et la force du roi,
Moi, le vieux champion des nations que couvre
D’ombre le Vatican et de faux-jour le Louvre,
Je t’impose ces mains qui portèrent trente ans
Aux heureux le défi des peuples sanglotants,
Et, pour le fier salut des hommes, je te voue
Aux labeurs, aux combats, aux soufflets sur la joue,
Aux mépris, à l’exil, jeune âme ! à l’échafaud.
Apôtre s’il suffit, mais, soldat s’il le faut,
Partout où retentit le cri d’une torture,
Va ! sois l’aventurier de la grande aventure
Qu’enfin terminera le glaive justicier !
Que notre aube s’allume aux éclairs de l’acier,
Et qu’il te soit donné d’en voir les lueurs sûres,
Fils baptisé du sang de mes vieilles blessures ! »

Ayant dit, il poussa plus loin ses pas errants.

Or, sous l’arc autrefois bâti pour les tyrans,