Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée


Un jour, il gravissait une côte, en Norwège.
La barbe dans la bise et les pieds dans la neige,
Il cria vers les cieux, marcheur désespéré :
« Qu’il sera doux, le roc où je m’endormirai,
Dût la neige y glacer la sueur de ma face !
Dieu qui me châtias, n’est-il donc rien qui fasse
Que je puisse m’asseoir, ô Dieu bon, et mourir ? »

En ce moment, non loin du Juif las de souffrir,
Un mendiant passait, blanc vieillard qui chancelle.
Ahasvérus tendit au vieux son escarcelle
Et lui mit son manteau sur l’épaule en marchant.

Cela fait, il s’assit et mourut sur-le-champ.