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silence


Rien ne dira, parmi les stances de mes carmes,
Les fruits amers sucés, les noirs calices bus,
Et mes sommeils hantés de funèbres alarmes,

Et mes rêves épris d’érotiques abus,
Ma belle soif de neige idéale, et ma haine
Pour les vulgaires cœurs affamés de rebuts !

Nul ne descend que moi dans l’horrible Géhenne
Où mes vieux désespoirs gémissent accroupis :
Seul je connais mon crime et seul j’en sais la peine.

J’effraierais les démons sous la flamme tapis,
Sombre Fatalité, venimeuse nourrice,
Si je crachais le fiel que je bus à ton pis !