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En attendant que rayonne
L’aurore de ce beau jour,
Dans la ville de Bayonne
Je me renferme en ma tour.

Au coin de la cheminée,
Je me blottis, car souvent
J’entends, toute la journée,
L’âpre fanfare du vent.

Et puis, toujours de la pluie !
Aussi, par instants lassé,
De tout mon poids je m’appuie
Sur mon vieux fauteuil froissé.

Mais je vois ma douce femme
Aller, venir, et je sens,
Quand elle passe, mon âme
Suivre ses pas caressants.

Et les yeux mouillés, j’admire
Ce cœur humble et grand ; alors
À pleins poumons je respire,
Je suis fort parmi les forts.

Et voulant qu’elle soit fière
De moi, plus tard, je reprends
La besogne familière :
J’arrête les vers errants.