Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

groupe lui-même. Mais ne vaut-il pas mieux que je vous dise d’abord comment se continua et comment s’acheva hélas ! la vie de notre cher Albert Glatigny ?

En province où il était assez médiocre comédien, à Paris où il était excellent poète, il ne cessa pas de connaître en riant toujours les angoisses de la misère et des dénis de justice. Plusieurs d’entre vous se souviennent peut-être de l’avoir connu improvisateur au café-concert de l’Alcazar, où il alternait avec des messieurs en pantalon montant jusqu’au milieu de la poitrine qui éprouvent le besoin de faire savoir à leurs contemporains qu’ils arrivent de Pontoise, dans le département de l’Oise. Glatigny improvisait d’autres rimes. Certes, pas un artiste digne de ce nom, pas un Parnassien surtout, ne saurait accorder la moindre estime au pitoyable jeu des bouts-rimés. Eh bien ! nous fûmes obligés de le reconnaître : à force de virtuosité et de prestesse dans l’esprit, Glatigny, toujours lyrique même au café-concert, arrivait à improviser des sonnets et des ballades dont quelques-uns ne sont pas indignes d’être conservés, et qui vraiment donnaient l’illusion de la véritable