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Armand Silvestre et d’autres ; quelques-uns sont illustres, d’autres sont moins triomphants ; mais, tous, ils ont fait et continueront à faire avec résolution, sans concession, leur devoir d’artiste. Quiconque les raillerait aujourd’hui, non seulement aurait tort, mais ferait en outre une plaisanterie démodée ; et il est certain que même ceux d’entre eux, qui ne sont pas dignes d’admiration, sont du moins dignes d’estime.

Cependant, — la question ne manque pas d’importance, — quelle sera l’influence sur l’avenir de cette Renaissance poétique ?

Je pense qu’elle sera grande.

Je m’explique. Nous avons travaillé et nous travaillerons encore. Nous ajouterons les livres aux livres, les drames aux drames, et la renommée des meilleurs ne cessera pas de s’accroître. Mais notre plus haute gloire, nous ne la tirerons pas de notre œuvre même ; nous la devrons à celui ou à ceux qui procéderont de nous. Nous croyons fermement que nous sommes les précurseurs du poète ou des poètes qui viendront. Nous avons, non pas ouvert, car nous-mêmes nous provenions des maîtres, mais élargi, aplani, rendu plus aisée la bonne voie poétique.