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faire déchoir, la thèse cachée sous le prétendu scepticisme de Byron, de Musset et des grands romantiques de notre siècle. Ceci est aussi une fatalité de l’homme moderne. C’est en vain qu’il invoque ou proclame Vénus Aphrodite. Ce rêve de poète, qui embrasse ardemment le règne de la chair, ne pénètre pas dans la vie réelle de l’homme qui vit dans le poète. Platon et le chistianisme ont mis dans son âme vingt siècles de spiritualisme qu’il ne lui est pas possible de dépouiller, et quand il a épuisé toutes les formes descriptives pour montrer la beauté reine du monde, et toutes les couleurs de la passion pour peindre le désir inassouvi, il retombe épuisé pour crier à l’idéal terrestre : Tu n’aimes pas ! »

Voilà qui est justement et admirablement dit. L’amour eflfréné pour la beauté physique, mêlé de rancœurs et d’angoisses, et d’élancements peut-être involontaires vers un autre idéal, c’est là toute l’œuvre d’Armand Silvestre.

Écoutez :


L’espérance au tombeau descend inassouvie ;

Et la mort nous étreint entre ses bras jaloux,
Sans briser cette foi que nous portons en nous.
D’une force d’aimer qui survit à la vie.