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Je le répète : dans ces rapides réflexions je n’étudie que les poètes qui firent partie du premier mouvement parnassien et non ceux qui vinrent s’y rallier plus tard. C’est ainsi que je dois omettre des poètes tels qu’André Theuriet, Anatole France, Jean Aicard et bien d’autres. Mais grâce à Dieu, nous comptons Armand Silvestre parmi nos premiers compagnons, et je puis vous parler de lui avec tout l’enthousiasme qu’il est digne d’inspirer.

Le premier livre d’Armand Silvestre a paru avec une préface de George Sand. George Sand disait : « Voici de très beaux vers. Passant, arrête-toi, et cueille ces fruits brillants, parfois étranges, toujours savoureux et d’une senteur énergique. » Et plus loin : « C’est l’hymne antique dans la bouche d’un moderne, c’est-à-dire l’enivrement de la matière chez un spiritualiste quand même, qu’on pourrait appeler le Spiritualiste malgré lui, car, en étreignant cette beauté physique qu’il idolâtre, le poète crie et pleure. Il l’injurie presque et l’accuse de le tuer. Que lui reproche-t-il donc ? de n’avoir pas d’âme. Ceci est curieux, et continue, sans la