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Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure,
Vautré dans le bonheur, où tous ses appétits
Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure
Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits,

Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées
D’où l’on tourne le dos à la vie, et, béni,
Dans leur verre lavé d’éternelles rosées
Que dore le matin chaste de l’Infini,

Je me mire et me vois ange ! Et je meurs, et j’aime
— Que la vitre soit l’art, soit la mysticité, —
À renaître portant mon rêve en diadème,
Au ciel antérieur où fleurit la Beauté !

Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise
Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
Et le vomissement impur de la bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur.

Est-il moyen, mon Dieu qui voyez l’amertume,
D’fnfoncer le cristal par le monstre insulté,
Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume,
— Au risque de tomber pendant l’éternité ?




Je ne puis pas vous lire toutes les premières poésies de Stéphane Mallarmé ; mais les mor-