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vécues, c’est-à-dire un peu au hasard, mais avec enthousiasme et belle humeur, nos premières années ne laisseraient pas d’être assez intéressantes. Mais je crains de ne pas savoir les conter !

Une autre raison aurait dû m’empècher d’en entreprendre la tâche. Aux luttes, aux espoirs, aux défaillances, aux misères, aux joies de ces heures de naguère, j’y ai été mêlé. Quorum pars minima fui ! La modestie en latin paraît plus modeste encore. Bien souvent, dans ces causeries, il me faudra dire Je ou dire Moi. Je vous en demande pardon d’avance, c’est une des exigences fâcheuses de mon sujet. Et puis, n’éprouverai-je pas quelque gêne à parler de mes camarades d’autrefois, qui sont mes amis encore, et qui le seront toujours ? Ne serai-je pas suspect de partialité quand je louerai, ou de quelque sotte envie quand je désapprouverai ? J’essayerai d’éviter ce double écueil à force d’évidente bonne foi. Et d’ailleurs, si le récit de nos batailles littéraires perd de son autorité à être fait par un des combattants, — le plus humble de tous, — il y gagnera peut-être quelque chose en mouvement et en pittoresque.