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Les festins te plaisaient après les chocs d’épées ;
Tu domptais, jeune dieu ! les cœurs de vierge aussi,
Quand sur tes bras charmants noirs d’un sang épaissi,
Roulaient les boucles d’or de ton casque échappées !

Mais frémis à ton tour ! Le glaive enfin se dresse
Qui percera ton sein comme un sein d’enfant nu ;
Car l’amazone vient qui n’a jamais connu
                La peur ni la tendresse ! »

Telle en sa course, hélas ! qui n’eut point de retour,
Par dessus les fracas criait la vierge fière ;
Elle ne savait pas qu’avant la fin du jour,
Mourante, elle mordrait la sanglante poussière,
En jetant au vainqueur beau comme une guerrière
Un regard moins chargé de haine que d’amour !



LA DERNIÈRE ABEILLE

 
Vents, pluie, éclairs faisaient rage de telle sorte
Qu’on n’avait jamais vu de tempête aussi forte.
Sous l’épaisseur des bois par la bise ployés,
Dans les nids, les petits oiseaux mouraient noyés,
Et l’ouragan broyait toutes les créatures
Qui n’ont point pour abri de solides toitures :
L’abeille dans la fleur brisée, et le grillon