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des opulences. Nous vous promènerons dans le Paradis d’où Adam n’a pas été chassé, et nous vous conduirons, accrochés au manteau d’Élie, dans les cieux où Élie n’a pas été enlevé. Grâce à Dieu, plus d’entraves. Vraiment ce qu’il y avait de réalité dans la légende gênait beaucoup les poètes, et il leur déplaisait que leur hippogriphe se crût obligé de ressembler à un cheval.

Mais eux-mêmes croiront-ils encore ? ou bien, ce qu’ils chanteront ne sera-t-il pour eux, comme pour vous, qu’un rêve ! Un rêve sans doute, mais le rêve, c’est le vrai aussi. À leur point de vue, une idée est une réalité, à un autre titre, mais tout autant que la table où je parle, que la lampe qui m’éclaire. Quiconque imagine, crée ! Ce qui a été conçu une fois, existe désormais. Heureux les hommes dont les pensées sont telles qu’ils ne craignent pas de les retrouver incarnées (sous quelle forme ? là est le mystère !) dans le séjour de la Réalisation !

C’est plein de cet amour pour la légende que j’ai écrit la plupart de mes poèmes : Pantéléia, Pagode, les Contes épiques, Hespérus, Le Soleil de Minuit.

Je dirai un court poème où j’ai exprimé de mon mieux ce regret du passé divin.