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Chaque soir, espérant des lendemains épiques.
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou, penchés à lavant des blanches caravelles.
Ils regardaient monter dans un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.




VENDANGE


Les vendangeurs lassés ayant rompu leurs lignes,
Des voix claires sonnaient dans l’air vibrant du soir
Et les femmes en chœur marchant vers le pressoir
Mêlaient à leurs chansons des appels et des signes.

C’est par un ciel pareil, tout blanc du vol des cygnes.
Que dans Naxos fumant comme un rouge encensoir,
La Bacchanale vit la Cretoise s’asseoir
Auprès du beau Dompteur ivre du sang des vignes.

Aujourd’hui, brandissant le thyrse radieux,
Dionysos vainqueur des bêtes et des dieux,
D’un joug enguirlandé n’étreint plus les panthères.

Mais, fille du Soleil, l’Automne enlace encor
Du pampre ensanglanté des antiques mystères
La noire chevelure et la crinière d’or.