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Les bois tremblent ; la feuille en flocon sec tournoie,
Tournoie fet tombe au bord des sentiers désertés.
Sur la route déserte un brouillard qui la noie.
Un brouillard jaune étend ses blafardes clartés ;
Vers l’occident blafard traîne une rose trace,
Et les bleus horizons roulent comme des flots,
Roulent comme une mer dont le flot nous embrasse.
Nous enlace, et remplit la gorge de sanglots.
Plein du pressentiment des saisons pluviales
Le premier vent d’octobre épanche ses adieux,
Ses adieux frémissants sous les feuillages pâles.
Nostalgiques enfants des soleils radieux.
Les jours frileux et courts arrivent. C’est l’automne.
— Comme elle vibre en nous la cloche qui bourdonne !
L’automne, avec la pluie et les neiges, demain
Versera les regrets et l’ennui monotone ;
Le monotone ennui de vivre est en chemin !
Plus de joyeux appels sous les voûtes ombreuses ;
Plus d’hymnes à l’aurore, et de voix dans le soir
Peuplant l’air embaumé de chansons amoureuses !
Voici l’automne ! Adieu, le splendide encensoir
Des prés en fleurs fumant dans le chaud crépuscule.
Dans l’or du crépuscule, adieu, les yeux baissés.
Les couples chuchotants dont le cœur bat et brûle.
Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés.
Les bras entrelacés quand le soleil décline.
— La cloche lentement tinte sur la colline. —
Adieu, la ronde ardente, et les rires d’enfants.
Et les vierges le long du sentier qui chemine.