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qui aurais armé chevalier ce jeune page de guerre !

Il y a dans cette légende un peu de vrai et beaucoup de faux. Non ! je n’ai pas pleinement l’honneur d’avoir rendu un tel service à la poésie française. À cause de certaines circonstances, j’ai aidé, voilà tout, à l’éclosion d’un talent qui n’eût pas manqué d’éclore tout seul, et je veux rétablir la vérité sur ce point.

Il me faudra entrer dans d’assez menus détails ; ils vous paraîtront intéressants puisqu’il s’agit cette fois, non pas de moi, mais d’un des plus parfaits artistes de ce temps.

Une fois, j’étais dans une chambre au second étage de l’hôtel du Dragon-Bleu. Il y avait bien des mois, hélas ! que je n’habitais plus le premier. C’était en plein hiver, avec de la cendre dans le foyer, rien que de la cendre, — des gens riches avaient fait du feu autrefois ! Enfin, une de ces chambres mornes que j’ai déjà décrites. La froidure y mettait plus de tristesse et, assis, devant la cheminée inutile, enveloppé du jour gris que versait l’unique fenêtre, je m’ennuyais un peu ce jour-là et j’avais de temps en temps des frissons sods mon vieil habit, — une espèce