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l’ambition des hommes. Tout ce qui vit, tout ce qui respire, tout ce qui végète l’admire, la convoite et l’implore. Mais elle demeure seule, éternellement vierge dans sa froide solitude. Ce plan me paraissait alors avoir quelque grandeur et je crus un moment ne point l’avoir trop mal exécuté. Combien je me trompais ! Je ne vous dirai qu’une page de ce poème, celle où je voulais exprimer que tous les types suprêmes de beauté conçus par l’homme sous des noms divers, — Vénus, Astarté, Freya, Madeleine, — s’étaient incamés en Pantéléia.


PANTÉLEIA


Cypris, fille de l’onde, adorable chimère,
Immortelle aux yeux noirs, Reine au cœur indulgent,
Qui mires ta beauté dans les hymnes d’Homère !

Tu courbais sous tes lois les grands monstres nageant
Près des rochers moussus où Molpéa repose,
Et les bêtes des bois léchaient tes pieds d’argent !

Et les oiseaux, légers habitants de l’air rose,
Dont notre œil sous la nue à peine suit l’essor,
La blonde mélisette au sein des fleurs éclose.