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Vous le voyez, presque tous les poètes d’alors vinrent à la Revue fantaisiste. Chose un peu plus étrange, elle comptait parmi ses collaborateurs la plupart des journalistes célèbres du temps, Jules Noriac, Charles Bataille, Charles Monselet et Aurélien Scholl, poètes aussi ! Leur présence parmi nous était sans doute un présage de la réconciliation future entre l’article de journal et la poésie, entre les chroniqueurs et les Parnassiens. Mais, fait plus extraordinaire encore, nous avions pour collaborateur assidu, très-assidu, M. Champfleury. Oui, M. Chamfleury lui-même, le chef des Réalistes d’antan, l’ennemi des rimes et des rythmes, celui qui tenait alors sur les poètes les discours précisément que tient aujourd’hui M. Émile Zola. Ah ! c’est que, vraiment, on s’est fort abusé en croyant ou en disant que les Parnassiens étaient des esprits jaloux, opposés à toute manifestation de l’art non conforme à ce qu’on croyait être leur théorie.

J’ai lu dans un des derniers livres de M. Émile Zola cette phrase assez plaisante et qui ne nous fâche guère : « Comme les fakirs de l’Inde, qui s’absorbent dans la contemplation de leur nombril, les Parnassiens passaient des soirées à