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amitié solide qui ne s’est pas démentie et ne se démentira jamais.

À la Revue fantaisiste, Léon Cladel publia des nouvelles véritablement étonnantes ; cela était extraordinaire et turbulent, pas en place, va-comme-je-te-pousse ; une improvisation désordonnée débordait sans fin de cette âme furibonde ! Mais, entendez-le bien, et tous ceux qui ont lu et qui relisent ces œuvres de jadis le savent aussi bien que moi, il y avait dans ces contes formidablement échevelés un admirable élan vers l’Idéal, vers l’Amour, vers la Justice, une puissance incontestable, une conception encore confuse, mais très réelle, de la beauté. Il ne restait qu’à dégager l’artiste de l’improvisateur.

Léon Cladel rencontra Charles Baudelaire à la Revue fantaisiste, et depuis il n’a jamais cessé de croire et de dire que ce fut là le plus grand bonheur de sa vie littéraire.

Jamais deux hommes ne se ressemblèrent moins que Baudelaire et Cladel. L’un mesuré, réservé, toujours maître de lui, dans le travail comme dans l’existence ; l’autre, emporté, exubérant, attendant tout des hasards de la