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Mais qu’importent les injustices, les misères, les mépris ! Est-ce qu’un artiste de la valeur de Richard Wagner n’aurait pas dû se maintenir au-dessus des niaises rancunes pardonnables à peine aux esprits ordinaires ? Ah ! si, la guerre survenant, il se fût borné, lui, Allemand, à nous haïr, nous, Français, d’une haine de patriote, nous n’aurions rien à lui reprocher et, en lui rendant haine pour haine, franchement, nous n’aurions pas été contraints à le mépriser. Hélas ! il a été coupable de cette triste chose, l’outrage aux vaincus, et il a fait pis encore. De toutes nos gloires, il en est une, grâce à Dieu, qui demeure inattaquée ; oui, inattaquée ! car certaines injures sont comme si elles n’existaient pas, et le vent en a emporté bien d’autres. Eh bien, cette gloire sans tache, Richard Wagner a tenté de la souiller. Lui, le plus grand des musiciens, il a essayé de bafouer Victor Hugo, le plus grand des poètes. Vous connaissez assez la vénération que nous inspire le maître des maîtres, pour comprendre quelle dût être notre douleur et notre rage.

Mais, parce que la sympathie était morte, l’admiration devait-elle s’éteindre ? Est-ce qu’une