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nymphes, ses amoureuses strophes aux rimes retentissantes comme de francs bruits de baisers.

Mais, il faut bien l’avouer, je vous ai demandé votre indulgence ! ce n’était pas toujours de littérature que l’on s’inquiétait au bureau de la Revue fantaisiste ; quelques-uns d’entre nous mêlaient aux choses de l’esprit les choses du cœur.

Il y avait au seizième siècle une coutume charmante : les faiseurs d’odes et de sonnets manquaient rarement de faire placer à la première page de leur livre le portrait de la belle personne en l’honneur de laquelle ils avaient rimé leurs sonnets et leurs odes. C’est ainsi que Ronsard nous a conservé les traits d’Hélène et de Cassandre. Eh bien ! si ceux que l’on appelait alors les Fantaisistes avaient voulu se conformer à la coutume de la Renaissance, je crois, en vérité, que, pour les portraits, ce n’est pas les modèles qui eussent fait défaut ! Il n’est pas défendu d’employer la dix-huitième année à regarder sourire des lèvres et bleuir des regards.

Plus d’une fois, le soir venu, après les graves maîtres partis, il arriva aux très jeunes poètes, — soyez cléments, tout cela est si loin ! — d’entrer dans le salon de perse rose et verte accom-