Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trois heures, venaient Théodore de Banville, nous offrant dans sa bonté de jeune maître les éblouissements de sa verve lyrique et parisienne, Orphée et Balzac mêlés ; Charles Asselineau, aux cheveux doux, longs, déjà gris, ayant aux lèvres ce sourire ironique et tendre que Nodier seul avant lui avait eu ; Léon Gozlan, qui daignait nous prêter l’appui de sa renommée ; Charles Monselet, Jules Noriac, Philoxène Boyer, plein du rêve de Shakespeare, et Charles Baudelaire, svelte, élégant, un peu furtif, presque effrayant à cause de son attitude vaguement effrayée, hautain d’ailleurs, mais avec grâce, ayant le charme attirant du joli dans l’épouvante, l’air d’un très délicat évêque, un peu damné, qui aurait mis pour un voyage d’exquis habits de laïque, — Son Eminence Mgr  Brummel ! Il nous apportait ses merveilleux poèmes en prose qui comptent parmi les pages les plus parfaites de la littérature française. Là aussi, Albert Glatigny, avec sa vagabonde faconde, un poing sur la hanche, la cravate défaite, le gilet trop court, — ô ignorance entêtée des bretelles ! — nous récitait, ayant aux lèvres son rire de jeune faune amaigri par les tendresses des