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malgré tous ses défauts, que je sais mieux qu’aucun autre, je ne puis jamais songer à elle sans un doux tremblement au cœur et sans un sourire de tendresse, comme un homme qui, au milieu des angoisses et même du bonheur, se souvient de sa première amourette.

J’y pense aussi avec fierté.

Car elle eut, cette folle, le courage magnanime et qui parut étrange de faire l’émeute des vers, des véritables vers, contre ce roi, le Sentimentalisme élégiaque, et cette reine, la Faute-de-français ; car, adoratrice effrénée du génie et de la passion, elle célébra de toutes ses chansons de jeune oiseau le Maître suprême, alors exilé, et eut ses soirs d’Hernani pendant les représentations des Funérailles de l’honneur d’Auguste Vacquerie ; car elle eut la gloire d’être approuvée et patronnée par ces hauts et purs esprits, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Théodore de Banville, et l’honneur de rechercher ou d’accueillir, de révéler à ce petit nombre qui est bientôt le grand nombre, la plupart des jeunes talents que la France admire aujourd’hui. Pour ne point parler des poètes, — elle eut tous les poètes, — c’est sous la couverture