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par-là même qu’elle ne renouvellerait point assez vivement le sentiment de notre existence. Qu’un homme pauvre devienne riche, qu’un homme fatigué se repose, qu’un homme qui s’est reposé reprenne son activité ordinaire, qu’un cœur indifférent se passionne, il est certain que dans toutes ces variations on ne mettra point son bonheur en doute. Il semble donc que l’on n’est très-heureux qu’en passant d’un état à l’autre. Il faut pourtant que ce passage ne soit point trop précipité, parce qu’il ne laisserait point de prise à la réflexion, et qu’il interromprait, pour ainsi dire, ce sentiment du moi d’où