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plus être ni celui du cœur, ni celui des sens ; alors, au lieu d’animer nos facultés, il les étouffe et les éteint. Toutes les fois que le désir n’est pas en proportion avec nos forces, il les a bientôt épuisées, et je ne conçois guère d’existence plus malheureuse que celle d’un être qui se fatigue sans cesse à suivre l’illusion qui le fuit, et à payer de tout le bonheur dont il pourrait encore jouir, ce vain songe qui l’agite, le tourmente et l’expose aux maux les plus réels, à la perte de son tems, de sa fortune, de sa santé, le plus souvent même à la haine, au mépris des objets dont il achète si chèrement la durée de son erreur.