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leçons d’une plus longue expérience ; mais j’oubliai combien peu l’énergie des idées, ou l’étendue des lumières influe sur le mouvement impétueux de nos passions ; la sensibilité des ames forts ne connaît d’autres limites que celles de sa propre puissance, ou plutôt elle ne voit ni terme, ni limite… Il n’existe pour elle ni veille ni lendemain. Il n’en exista point pour moi le jour où je me décidai tout-à-coup, quoiqu’après plusieurs semaines d’une lutte également longue, également pénible, à m’éloigner enfin de Paris pour aller consacrer, par des sermens éternels, un lien qui devait me séparer à jamais de Séligni. Ne fus-je entraînée que par mon propre sentiment ? Le fus-je encore plus par les instances pressantes d’Eglof ? Je l’ignore. Ce même jour l’infortuné que j’abandonnais