Page:Meister - Betzi.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre. Je n’examinai point lequel mon cœur eût préféré si le choix n’avait dépendu que de mon penchant ou de son caprice ; j’examinai plutôt auquel des deux je devais le plus de reconnaissance et le plus de pitié : Séligni n’avait-il pas tout fait pour mon bonheur ? Mais n’avais-je pas obtenu d’Eglof de plus grands sacrifices ? Plus heureuse la maîtresse de l’un, je crus que je le serais plus sûrement l’épouse de l’autre. Pour me rassurer sur le mal que j’allais faire à Séligni, je tâchai de me rappeler toutes les ressources qui lui restaient encore ; je les exagerais sans doute à mes propres yeux, comme je m’efforçais de les exagérer aux siens. J’avais quelque droit en effet de croire à l’empire qu’il avait acquis sur lui-même, grace à la profondeur de ses méditations, à la variété de ses goûts, aux cruelles