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d’ailleurs entre Eglof et Séligni, quant à l’esprit, au caractère, aux habitudes de la vie, leurs manières de m’aimer avaient des rapports si doux, une vérité si parfaite et si touchante, qu’en les connaissant, bien loin de s’étonner que j’eusse pu les aimer tous deux à-la-fois, on aurait beaucoup plus de peine à comprendre comment il m’eût été possible d’aimer l’un sans aimer l’autre, sans les aimer tous deux également. Ce qu’ils craignaient le plus l’un et l’autre, c’était d’obscurcir par le plus léger nuage l’heureuse sérénité de toutes mes pensées et de toutes mes affections ; c’est à moi, c’est à moi seule au monde qu’ils rapportaient l’un et l’autre l’emploi de toutes les ressources de leurs facultés, de leur travail, de l’emploi de leur fortune ; ce n’est que pour ajouter à l’agrément de ma vie que l’un desirait de conserver