Page:Meister - Betzi.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la serrer contre ton cœur, la faire mourir pour toi seul, ou mourir avec elle ? — Ah ! oui, lui dit Séligni tout éperdu, mourons ensemble. — Leurs baisers et leurs larmes se confondirent, et jamais amans heureux ne goûtèrent de transports plus vifs et plus tendres ; loin de s’éteindre, c’est aux ardeurs même du feu qui semblait devoir les consumer que leurs désirs renaissaient sans cesse et prolongeaient leur ravissant délire, tant il est vrai que la tristesse est la disposition de l’ame la plus propre à faire fermenter l’amour, tant il est vrai que ce sont les sentimens en apparence les plus opposés l’un à l’autre qui se prêtent mutuellement une si douce puissance, une si merveilleuse énergie.

Revenus enfin de cette longue ivresse du plus tendre désespoir, de