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VALENTIN.
- Mais il faut m’excuser.
- Il me fallait au moins le temps d’improviser.
Binet pendant ce dialogue, a mis le perroquet dans la terre : Valentin s’approche de la tombe. Toutes les pensionnaires l’entourent, et Valentin commence l’oraison funèbre.
VALENTIN.
I
- Il était beau, brillant, leste et volage,
- Aimable et franc comme on l’est au bel âge,
- Et tendre et vif, mais encor innocent.
- Par son caquet, digne d’être au couvent,
- Il bavardait, mais avec modestie.
- Il n’était point d’agréable partie
- S’il n’y venait briller, caracoler,
- Papillonner, siffler, rossignoler.
- Par plusieurs voix interrogé sans cesse,
- Il répondait à tout avec justesse ;
- Tel autrefois César, en même temps,
- Dictait à quatre en styles différents.
- Adieu, Vert-Vert, pleurez, pleurez, mes sœurs,
- Ci-gît Vert-Vert, ci-gisent tous les cœurs.
TOUTES.
- Adieu, Vert-Vert, pleurons, pleurons, mes sœurs,
- Ci-gît Vert-Vert, ci-gisent tous les cœurs.
VALENTIN.
II
- Ah ! que de soins, que d’attentions fines !
- Colifichets, biscuits, bonbons, pralines,
- L’heureux Vert-Vert s’en bourrait chaque jour,
- Plus mitonné qu’un perroquet de cour.
- Mais de nos sœurs ! ô largesse indiscrète,
- Du sein des maux d’une longue diète,
- Passant trop tôt dans des flots de douceurs,
- Bourré de sucre et brûlé de liqueurs,