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LA CORILLA.

Eh bien alors ?

VERT-VERT.

Je sais bien que c’est mal !…

LA CORILLA.

Pas du tout, pas du tout !

VERT-VERT.

Oh ! si, c’est tout à fait contraire à ce qu’on m’enseignait au pensionnat… Et pourtant quand vous me regardez… Et puis, là, vrai, je ne sais plus ni ce que je veux ni ce que je ne veux pas… il se passe en moi quelque chose d’extraordinaire… Ce qui m’est arrivé pendant que j’étais sur le coche, ce qui m’arrive après…

LA CORILLA.

Ah ! sur le coche il vous est arrivé des choses ?…

VERT-VERT.

Extraordinaires !…

LA CORILLA.

Et quoi donc ! dites-moi un peu ?…

VERT-VERT.

Je vous le dirais bien volontiers si cela pouvait vous taire plaisir.

DUO.
LA CORILLA.
––––Vous ne sauriez me plaire davantage,
––––––Racontez-moi votre voyage.
VERT-VERT.
––––––Le bateau marchait lentement,
––––––Poussé par le vent et la rame.
––––––Un époux, peut-être un amant,
––––––Causait près d’une jeune femme.
––––––Tout en causant ainsi, la dame
––––––––––Me regardait,
––––––––––Et souriait.
––––––Pendant ce temps-là, mon voyage
––––––Allait son train. Les matelots,
––––––Gens peu décents dans leur langage,
––––––Tenaient de singuliers propos !