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LE COMTE.

Veux-tu bien te taire, imbécile ! Regarde-moi, ai-je l’air du diable ?

BINET, se risquant à regarder.

Un officier de dragons…

LE COMTE, à part.

Et Friquet qui est resté de l’autre côté du mur… (Haut.) Voyons, réponds vite, qui es-tu ?

BINET.

Ah ! ça, c’est trop fort… il m’interroge ! Qui je suis… moi, Binet, s’il vous plaît ; Binet, jardinier du pensionnat des Dames nobles de Saint-Remy, dépendant du couvent ; de ce pensionnat, monsieur, qui est fait pour des jeunes filles et non pour des officiers de cavalerie.

LE COMTE, apercevant Friquet sur le mur — à part.

Ah ! voilà Friquet. (Haut.) Voyons, Binet, mon petit Binet.

BINET.

Il n’y a pas de mon petit Binet… Partez tout de suite ou j’appelle… à moi… à moi…

LE COMTE, lui mettant la main sur la bouche.

N’appelle pas… je m’en vais… je m’en vais…

BINET.

Bien… c’est bien…

LE COMTE, faisant signe à Friquet d’attendre.

Seulement, j’ai eu besoin de ton dos pour venir, j’ai besoin de ton dos pour m’en aller…

BINET.

Très-juste ça… très-juste… et je suis tout prêt…

LE COMTE.

Plus bas…. plus bas la tête… là, bien… (A Friquet.)Allons, saute, saute…

Friquet saute sur les épaules de Binet.

LE COMTE, à Binet.

C’est fait, tu peux te relever.