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BARBE-BLEUE.

langage : « Ma petite chatte, entendons-nous bien… voulez-vous remourir, pour tout de bon, cette fois, ou bien consentir à être gentille avec Popol… et à faire son petit bésigue, comme Odette avec Charles VI ?… »

BOULOTTE.

Vous lui avez dit ça ?

POPOLANI.

Ce qu’il y a de flatteur, c’est qu’elle n’hésita pas.

BOULOTTE, avec transport.

Vivante !… je suis vivante !… Ah ! que c’est bon, la vie !… le chant des oiseaux !… le parfum des fleurs !… un premier repas le matin !… un deuxième à midi !… un troisième à deux heures !… un quatrième le soir !… Et après ça, la danse sous les grands arbres !… – Ah ! la danse sous les grands arbres !… (Elle fait quelques pas de danse, puis s’arrête et dit tranquillement :) Continuez maintenant.

POPOLANI.

Au bout d’une année de… bésigue, nouveau mariage de Barbe-Bleue, nouvelle femme à tuer… Les garder ici toutes les deux, c’était braver la colère de Barbe-Bleue… mais c’était humain !… ce fut l’humanité qui l’emporta !… Puis vint une troisième femme, une quatrième… une cinquième… Et toujours cette diablesse d’humanité !…

BOULOTTE, souriant.

Ah ça, mais dites donc, vous, vous êtes encore pas mal farceur.

POPOLANI, innocemment.

Comment ?

BOULOTTE.

Ça vous fait cinq femmes ?

POPOLANI.

Je suis humain !